jeudi 30 janvier 2014

**L'incompris du «tout compris»

Ici au Québec, il fait froid depuis des lunes, nous le savons tous. Malgré tout, chaque hiver, plusieurs québécois et québécoises décident de se sauver de cette froide température pour hiberner vers le sud. Ce qui fût mon cas pour une semaine. Donc, j'ai décidé (avec un ami) de quitter ce froid hivernale pour un peu de chaleur. Notre endroit de prédilection était l'une des villes les plus visitées de Cuba, Varadero.

Nous avions en tête, dès le départ, le goût de voir autre chose, de s'aventurer, d'aller là où le vent nous mène. Notre choix s'est arrêté sur un sympathique hôtel 4 étoiles (à vrai dire 3.5) sur la péninsule de Varadero, à une dizaine de kilomètres du centre-ville. Notre forfait tout inclus comprenait évidemment nos billets d'avion, l'hébergement, le buffet ainsi que le «bar open». Le prix était fort raisonnable pour ce petit séjour en terre cubaine.

Malgré une belle température toute la semaine de notre séjour, de ma part, ce ne fût pas un voyage des plus remarquables...

Tout semblait bien se dérouler pour nos sept jours au soleil. Nous sommes parti tôt le matin de Montréal pour arriver en fin d'après-midi à notre destination. Dès notre arrivé à l'aéroport de Varadero, je sentais que ce voyage allait me rendre d'emblée heureux les premiers jours mais morose les jours suivants.

Les premiers jours fût très sympas : des boissons alcoolisées à volonté, des gens à rencontrer, des bars à fréquenter, des plages à traverser, des endroits à visiter. Fort plaisant!

Mais, dès le quatrième jour, tout s'écroula. Après ces soirées de célébration, mon corps d'homme dans la vingtaine avancé, ne me sembla plus aussi en forme qu'auparavant. Également, je me rendis compte, de tout cet artifice autour du fameux «voyage dans l'sud».

J'étais au départ, alerte à cela, mais, je me suis laissé charmer par cette frénésie qu'offre les voyages.

Non seulement, mon corps n'acceptait plus la nourriture exécrable de cet endroit, mais le soleil brûlant et l'ambiance étouffante, semblaient me perturber de plus en plus. Il me fallait absolument du repos.

Étant moi-même un être solitaire qui aime néanmoins socialiser, j'aillais m'isoler pour lire. Oui, même en vacances. Je continuais ma lecture d'un recueil de texte des écrits de Pierre Falardeau de ces dix dernières années. Ce livre «Rien n'est plus précieux que la liberté et l'indépendance» était le bon choix pour ce petit tour à Cuba.

Notre belle province était à moins de cinq heures de vol, et déjà je m'en ennuyait. Pourquoi? Et bien, je me sentais comme un bel imposteur de venir me bronzer les fesses dans ce pays, dit «socialiste», où les gens vivent des conditions de vies misérables. Nous (je m'inclus ici) profitons de cette pauvre ambiance pour aller faire nos rois et reines des plages, lorsque chez nous, nous redevenons des disciples de politiciens et de patrons de compagnies corrompus dans cette société capitaliste qui abuse de nous. À Cuba, de ceux travaillant dans le domaine de la restauration, de l'hôtellerie et du commerce vivent de 15 pesos-convertibles (16 dollars canadiens) par mois...

On est quand même de beaux hypocrites.

Matérialistes que nous sommes, pensons avoir besoin de voitures de l'années, des babioles électroniques dernier cri et des vêtements hors-de-prix. Lorsqu'eux, ont de la misère à bien se nourrir et se loger. On vit bien au Québec, on l'oubli facilement (malgré toute la pourriture politique de ces dernières années). Contrairement à nous, la grande majorité de ces pauvres cubains vivent dans des immeubles amochés et s'offrent corps et âme au service des touristes, jour après jour.

Et aussi étonnant que cela puisse paraître, on (je m'exclus ici) va là-bas, dépenser notre argent pour des cochonneries tels que des casquettes et des chandails à l'effigie du Che. Tout pour nous faire consommer et comme des cons, on y participe... C'est carrément absurde! De la libération à la surconsommation. Pas sûr qu'aujourd'hui, ce grand libérateur aimerait voir sa face affiché sur des touristes, pas sûr du tout.

Les gens ici, au Québec, sombrent dans la mélancolie, la dépression et le cynisme. Là-bas, la majeure partie des cubains gardent le sourire, malgré tout ce qui leurs arrivent.

La corruption est forte également là-bas, les gens ont besoin de cela pour maintenir une vie convenable.

Non seulement, j'ai été malade physiquement là-bas, mais je restes encore chamboulé, intérieurement, par cette ambiance artificielle.

Je m'étais mêler à ces touristes fêtards, mais après quelques jours, je ne ressentais plus cet esprit festif dans cette palpante hypocrisie.

Pour en revenir au livre donc je vous parlais tout à l'heure, en fait, ce que j'en retiens, c'est ce malaise que nous avons chez nous. Nous devrions nous soutenir, profitez de nos ressources et de nos contacts humains, entre québécois. On semble oublier, surtout à notre époque, qu'il y a des êtres humains autour de nous. Ce n'est pas des tablettes, des «Iphone» ou même des cellulaires à l'univers virtuel, qui nous permettent de maintenir une «véritable» échange humaine. Non! Nous semblons tellement désillusionnés que nous en oublions même ce qui se passe près de nous. Près de chez nous. Nous voulons tellement savoir ce qui se passe ailleurs, mais on ne connaît même pas nos frères et soeurs des régions. Avez-vous déjà été dans le Nord du Québec?

Il faut être attaché à notre identité culturelle. Connaître d'où l'on vient. Cette ouverture vers les autres, est essentielle pour mieux se connaître soi-même.

En ce sens, j'ai parlé à de nombreuses personnes dans ce court voyage : des jolies femmes russes, des jeunes fous québécois, des gros buveurs ontariens et des charmantes latinas.

De chacune de ces personnes, j'en ai retenu quelque chose...

Qu'importe d'où tu viens, si tu me respecte, je te respecte. That's it! Quelque soit ta nationalité, j'ai le goût d'en apprendre sur toi. C'est un des grands plaisir de voyager. C'est l'ouverture vers le monde, vers les gens.

Lors d'une soirée, nous étions une «gang» de québécois et de torontois qui jouaient à «Flip The Cup». J'ai discuté entre deux verres avec un torontois sur la question nationaliste, sur le Canada et sur la culture québécoise, ce fût assez drôle. Lui, il pensait que nous les détestions... voyons donc!? Quelle connerie! J'en ai rencontré des anglophones canadiens, et je lui ai dit, cette affirmation était totalement fausse. C'est seulement ce que les médias veulent nous faire accroire. Il y a une véritable rivalité sportive Canadiens/Leafs, mais c'est tout. On est dans le même foutu pays (pour l'instant), pourquoi se détester? Ce sont des êtres humains comme les autres. Il me disait même que, sans nous, le reste du pays serait plate. Nous avons (effectivement!) des artistes forts intéressants au Québec, nous donnons au Canada une visibilité incroyable, et je ne peux qu'être en accord avec lui.

J'ai également parlé politique avec un couple canadien. La charmante dame, elle, venait d'Ottawa. Je me suis foutu un peu de sa gueule, en blague, évidemment. Nous avons discuté un bon moment, et elle aussi, ne voyait pas de problème avec le Québec, même qu'elle me disait détester Harper. Elle s'écriait même: «Mais, j'adore Montréal!» Tout le monde adore Montréal. Nous sommes (la plupart) des gens sympathiques, ouverts et fêtards.

Fêtards oui! Je crois même que nous sommes de grands amateurs d'alcool, car nous tentons d'oublier notre statut de colonisés. C'est en buvant que nous l'oublions.

D'où l'écriteau sur nos belles plaques d'immatriculation : «Je me souviens». Pour commémorer nos Patriotes, eux, qui ont donnés de leurs vies pour sauver notre identité. Ça par contre, il ne faut pas l'oublier.

Personnellement, je sais que nous sommes bons, tout le monde le sais à travers le monde. Suffit seulement à nous, de nous découvrir, de nous apprécier mutuellement, d'arrêter de se faire des peurs et de ne pas abandonner, de continuer à croire à un Québec fort, libre et souverain.

L'ouverture sur le monde commence ici, chez nous.